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Troyes va finalement restituer deux œuvres de Derain

L’État va devoir restituer les toiles aux héritiers de René Gimpel, collectionneur d’art juif spolié pendant la guerre.

Fin août 2019, la justice déboutait en première instance les héritiers de René Gimpel, un collectionneur d’art juif spolié pendant la Seconde Guerre mondiale, qui demandaient la restitution de trois toiles du fauviste André Derain (peintes entre 1907 et 1910) exposées depuis des années dans des musées, dont deux au musée d’Art moderne de Troyes : Paysage à Cassis et La Chapelle-sous-Crécy.

Les héritiers avaient automatiquement fait appel et la décision est finalement tombée le 30 septembre. La cour d’Appel de Paris a condamné l’État à restituer les toiles aux héritiers, plus de 75 ans après l’Occupation.

Des incertitudes levées

Selon l’arrêt consulté par l’AFP, il existe des « indices précis, graves et concordants » selon lequel les trois tableaux sont bien ceux qui ont été spoliés et « dont la vente est nulle », en application de l’ordonnance du 21 avril 1945.

Or, à l’été 2019, la justice avait soulevé des incohérences et des « incertitudes persistantes quant à l’identification des tableaux », qui ont voyagé, changé de nom, parfois été rentoilées au fil des décennies. « En fait, on ne sait pas de quelles œuvres on parle », avait plaidé Béatrice Cohen, l’avocate du musée d’Art moderne de Troyes.

Un an après, il semble donc qu’un travail de recherche plus poussé et plus approfondi ait été mené. La responsabilité de la Ville de Troyes, dépositaire des œuvres à restituer, n’avait pas été retenue en première instant, comme l’avait demandé l’avocate du musée d’art moderne.

La Ville n’était pas partie prenante de la procédure

« Dans cette affaire, nous ne sommes que dépositaire depuis 1976 d’un bien qui reste la propriété de l’État », s’était alors défendu Marc Sebeyran, adjoint au maire de Troyes, qui ne cachait pas sa satisfaction de conserver dans l’Aube « deux toiles emblématiques » du peintre.

« Nous n’étions pas associés à cette procédure », nous a-t-il confiés. « On ne peut que prendre en compte la décision de justice. Si on nous demande de les restituer, on le fera. »

Dans un communiqué, la Ville de Troyes a salué « la clarification de la situation des œuvres querellées rendue par la Cour, cette décision s’inscrivant dans la transparence et la coopération voulues par la Ville depuis le début de ce contentieux  ». Aune date de restitution n’a encore été annoncée.