
Quand le peuple du Livre redecouvre une version du Livre après 2000 ans, c’est un événement
historique, religieux et culturel en soi.
Or, la découverte de sept rouleaux, effectuée par hasard en 1947 par un berger bédouin promenant ses chèvres autour des berges nord-ouest de la mer Morte, a bien mené a cela. Les trois premiers rouleaux ont été immédiatement acquis par E. L. Sukenik un archéologue de I’université hébraïque qui comprit leur importance. Les quatre autres rouleaux furent acquis par le chef de I’Eglise orthodoxe syrienne de Jérusalem, Marc Athanasius Samuel qui les fit passer aux Etats-Unis. Le fils de Sukenik, Yigael Yadin, archéologue également, parvint a les ramener en Israel en 1954. lis permirent le lancement de recherches archéologiques intensives menées a la fois par d’autres Bédouins, par des équipes d’archéologues jordaniens et des expéditions de I’Ecole biblique et archéologique française et le Musée Rockefeller qui ont permis jusqu’en 1956, de découvrir dans cette région appelée Qumran, les fragments de 950 rouleaux cachés dans onze caves. Depuis cette date, rien d’autre n’a été retrouvé.
Les manuscrits de la mer Morte présentent un intérêt majeur car ils constituent parmi les plus anciens manuscrits bibliques au monde connus a ce jour (après les rouleaux d’argent recouverts de passages du Tanah découverts dans la région de Jérusalem en 1979 et qui datent du VII® avant J.-C.). Les manuscrits de la mer Morte, aussi appelés les rouleaux de Qumran, ont été écrits entre le III® siècle avant J.-C. et le ler siècle après J.-C., la plupart en hébreu, et une petite partie en araméen et en grec. La grande majorité a pour support des parchemins et d’autres des papyrus. Ils nous sont parvenus sous forme de fragments, à I’exception du Livre d’lsaÏe qui est quasiment complet et très bien conservé. II est mondialement connu, car sur 7,34 mètres de long et sur 54 colonnes, est retranscrite en hébreu, I’integralite de ses 66 chapitres, vraisemblablement copiés vers le II® siècle av.J.C.
Le contenu des manuscrits peut être réparti en trois catégories : biblique, apocryphe et sectaire. On y trouve en effet près de deux cents copies de livres de la Bible, tous les livres étant présents à I’exception de celui d’Esther. On y trouve également des textes juifs apocryphes, non intégrés au Tanah, qui pour certains étaient connus uniquement sous forme de traduction ou qui étaient totalement inconnus pour d’autres. On y trouve enfin un corpus de textes exégétiques comportant les interprétations de la Torah d’après la secte des Esseniens.
Or la decouverte de ces rouleaux est venue de maniere tout a fait inattendue confirmer l’existence de cette secte dont la présence n’était attestée que par quelques auteurs de l’époque : le philosophe Philon d’Alexandrie, l’historien Flavius Josèphe et l’écrivain Pline l’ancien.
La secte des Esseniens était une émanation de la société juive présente en terre d’Israël à la période allant des Hasmonéens (166 avant J.-C.) jusqu’a la destruction du second Temple (70 apres J.-C.). Elle s’est formée sous le coup de controverses internes relatives au calendrier (ils adoptèrent un calendrier solaire), aux lois de pureté et aux lois de mariages qui mena ses adeptes – exclusivement masculins – a la séparation du reste de la communauté et à une vie de retraite ascétique dans le desert. S’il est aujourd’hui difficile d’évaluer leur nombre, on sait qu’ils se considéraient comme les pierres vivantes formant un Temple humain en lieu et place du Temple matériel de Jérusalem, la prière et les chants se substituant aux sacrifices d’animaux.
II est fort probable qu’ayant appris la révolte des Juifs contre les Romains (66 apres J.-C.), ils cachèrent leurs manuscrits dans des grottes en prévision de la destruction de leur campement par ces derniers, destruction qui eut effectivement lieu vers 68 apres J.-C. soit deux ans avant la destruction du Temple.
Les rouleaux de Qumran ont apporté une qualité et une quantité d’informations qui ont permis d’enrichir, de renouveler et d’apporter un éclairage nouveau sur les études de l’Histoire du
peuple juif et du judaisme, notamment pendant la période hellénistique et romaine de la terre
d’Israël.
C’est la raison pour laquelle ils trouvent une place de choix au musée d’Israël a Jérusalem, lui-même situé dans le voisinage de la Knesset, de la Cour suprême d’Israël et de l’Université hébraïque.
Le bâtiment qui leur est dédié « The Shrine of the book » ou « le sanctuaire du Livre », conçu par Armand R. Batos et Frederick J. Kiesler, inauguré en 1965 et entièrement restauré en 2004, bénéficie d’une architecture originale et symbolique, composée de deux éléments antinomiques qui se font face – une coupole scintillante blanche et un mur rectangulaire noir – ouvrant la voie à la méditation et au recueillement sur ces témoignages si précieux de l’histoire juive.
Adama