Rabban Gamliel II est une des figures centrales de la communauté juive retiree a Yavne apres la destruction du Second Temple par les Romains. II dirigea a partir de 80 I’assemblee de Yavne qui se substitua au Sanhedrin de Jerusalem après son demantelement. Fils de Shimon et petit-fils de Gamliel I’Ancien, execute par les Romains a I’epoque de la revoke, mais son père Shimon et sa famille furent épargnés grace a I’intervention de Yoh’anan Ben Zakkai aupres de I’Empereur Vespasien. Selon certaines sources il descendrait de la famille de Hillel, et c’est une des raisons pour lesquelles il aurait ete choisi pour diriger I’assemblee de Yavne.

II reçoit le titre de Nassi, en tant qu’autorité morale et spirituelle, reconnue par le gouverneur romain de Syrie et fixe des regies en matière de Halakha apres consultation des autres rabbins. II n’exerce aucune fonction politique selon les accords avec le pouvoir impérial. Une des taches principales de Rabban Gamliel II a consiste a établir le calendrier hébraïque, et a déterminer la methode de comput des jours fondee a la fois sur le cycle lunaire et sur le cycle solaire. Son action a permis de fixer les principaux jours de fetes, de deuils et de jeunes du cycle de la vie juive encore en vigueur aujourd’hui dans toutes les communautes en Israel et en diaspora.

Les premiers rites du seder de Pessah sont fixes par Rabban Gamliel II et notamment la lecture de la Haggada, dont les versions varieront ensuite. Prive de souveraineté sur sa terre, le peuple juif va concentrer son activite sur l’etude de la Torah et des commentaires. C’est a lui que l’on doit la decision de reciter trois fois par jour pendant la priere les dix-huit benedictions, dont le texte a ete etabli par Shimon Hapaqoli. Son fils Shimon Ben Gamliel sera elu a la meme fonction au lendemain de la revolte de Bar Cockhba (132-135).
Le calendrier hébraïque est compose d’annees solaires, de mois lunaires, et de semaines de sept jours, commençant le dimanche jusqu’au shabbat. Le point de reference est la Genese (Bereshit), soit une date anterieure au calendrier grégorien, c’est-a-dire -3761.

Chaque mois commence avec la nouvelle lune et dure 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 3 secondes + 1/3 de seconde, et dure 29 ou 30 jours en alternance. Une annee lunaire comprend donc 354,36 jours, soit II jours de moins que le calendrier solaire grégorien. Contrairement a I’islam qui ne « rattrape » pas les jours perdus, le judaisme a adopte le principe du cycle metonique (rattrapage de sept mois en dix-neuf ans pour se conformer au cycle solaire), qui consiste a ajouter tous les quatre ans un treizième mois, au mois de Adar suit Adar
Beth. L’unite pour le calcul du calendrier est le heleq (pluriel halaqim). II y en a 18 par minute, soit 1080 par heure. II dure donc 3 secondes et 1/3. Le peuple juif a construit son unite sur une construction du temps, devenue primordiale pour préserver son existence lorsqu’il est prive de souveraineté politique. Dans le calendrier hébraïque la journee commence au coucher du soleil et le mois avec la nouvelle lune, ce qui explique le mot utilise pour designer le mois, hodech de la meme racine que le mot hadach (nouveau).

L’idee de fonder ce calendrier sur le cycle lunaire vient rappeler I’injonction faite par Dieu a Moïse d’observer la lune. Les noms des mois proviennent de termes anciens assyro-babyloniens, qui ont ete « hebraïsés »,pendant la periode d’exil, au 4ème siècle avant J.C. Dans la Bible on ne trouve que quatre mois mentionnes explicitement, tandis que les autres sont designes par un nombre. Le premier mois de I’annee juive n’est pas le premier dans le texte biblique, mais le septieme. En fait il y a quatre dates de nouvel an juif. Roch Hachana, qui est le nouvel an juif connu au mois de Tichri et fete comme tel, est le commencement de I’annee solaire ; Nissan, au printemps qui est le debut de I’annee lunaire et correspond a la sortie d’Egypte.

Nissan est mentionne comme le mois du commencement dans la Torah. II existe deux autres dates de nouvel an.celui pris en compte pour le calcul des impots prevus par la Tora, au mois de Eloul, et enfin le debut de I’annee agricole fixe au 15 du mois de Chevat (Tou Bichvat). Pendant une longue periode, seuls les rabbins avaient la maitrise de ce que I’on appelle I’embolisme, c’est-a-dire la capacite de savoir quand il faut ajouter le treizieme mois. Cette sagesse etait nommee Sod Hahibour, le secret du comput. ■