
La prochaine réunion de l’association aura lieu lundi 1er février à 18h30 au Temple Protestant _ 1, quai des Comtes de Champagne à Troyes.
Ordre du jour:
– Après lecture des textes proposés, quelles questions vous posez-vous? En quoi vous êtes rejoint?
– Nous serons aidé dans notre recherche par Efraïm et ceux qui le pourrons, dans un dialogue ouvert et amical.
– Questions diverses.
– Calendrier des rencontres
– Verre de l’amitié pour clore la rencontre
LA BIBLE EN QUESTIONS
Quand la Bible a-t-elle été écrite ?
Les plus anciens textes auraient été écrits il y a environ trois mille ans. Quel a été leur cheminement jusqu’à nous et qui en ont été les auteurs ? Le point sur les connaissances actuelles
La Bible hébraïque est composée de vingt-quatre livres. Ils forment ce que les juifs désignent sous l’acronyme de Tanakh. dérivé du nom de ses trois parties : la Torah, les Nevi’im (le Livre des Prophètes) et les Ketouvim (les Ecrits). La première relate les événements depuis la Genèse jusqu’à la mort de Moïse aux portes de Canaan. Les huit livres de la seconde reprennent le fil, de la conquête de la Terre promise à l’exil à Babylone. Les onze derniers livres sont plus disparates : ils mêlent récits d’événements postérieurs à l’Exil (Daniel Esther) et écrits poétiques (Proverbes, Cantiques des Cantiques). La datation de chacun des livres qui composent la Bible hébraïque est un casse-tête pour les historiens. Et déterminer le ou les moments où ces différents textes ont été réunis pour former un seul et même livre ajoute encore à la complexité. Le Livre de Josué, par exemple, le premier de l’ensemble des Nevi’im, aurait été rédigé au VIIe siècle avant J.-C., avec de probables ajouts et retouches jusqu’à cinq siècles plus tard ! Historiens et archéologues ont réussi, tout du moins, à réduire le champ des possibles et dégagent aujourd’hui trois hypothèses :
La première situe tout le début de la rédaction vers le VIII°siècle avant notre ère, et une première phase de compilation
des écrits de la Bible sous le règne de Josias (640-609 avant J.-C.J. en Judée.
Une seconde théorie place ces mêmes textes entre les VI° et V° siècles avant 1.-C., durant la période où l’élite judéenne est exilée à Babylone (lire page 34), et dans les années qui suivent le retour à Jérusalem. La composition de la Bible, dans cette optique, correspondrait à un effort de la diaspora pour maintenir en vie la culture israélite, dispersée entre l’Egypte, la Judée et la Mésopotamie.
Une troisième hypothèse, enfin, avance un travail plus tardif, du IV° au II° siècle avant J-C, alors qu’Israël était sous domination perse, puis grecque. Divergentes en apparence, ces hypothèses s’accordent sur l’essentiel : composée d’un patchwork de textes, la Bible a été compilée par étapes, à des époques distinctes. Vraisemblablement dans cet ordre-là : d’abord la Torah, les Nevi’im et Ketouvim ensuite.
Avant le Livre existait-il une tradition orale ?
0n pense souvent que les récits de la Bible, en particulier les premiers livres, ont d’abord été des récits oraux. Cette théorie permet de combler un vide gênant : on date, en effet, les débuts de l’écriture hébraïque vers le Xe siècle avant J.-C. Or, les événements relatés dans la Bible remonteraient à plusieurs siècles plus tôt : Moïse, entre les XVI° et XIII° siècles avant notre ère, et Abraham, plus loin encore, entre les XX°et XVe siècles. Il aurait donc bien fallu que la narration de leurs exploits se transmette d’abord de bouche à oreille, pendant des générations et des générations, avant d’être couchée sur le papyrus. Mais cette idée ne tient pas. Il y a trop de détails précis et complexes pour qu’on ait pu diffuser cette énorme masse d’informations oralement L’exemple des généalogies des patriarches avant le Déluge (Genèse V, 1) est frappant : il est difficile d’imaginer que l’on ait pu mémoriser leurs descendances, souvent nombreuses, l’âge auquel ils ont eu des enfants, et celui de leur décès sans le secours de supports écrits… L’autre argument qui met à mal la théorie du récit oral, c’est le style même du texte. La tradition orale utilise habituellement des répétitions, au rythme bien précis, et des rimes, afin de faciliter la mémorisation. Or, on ne trouve rien de tout cela dans la Bible. La Bible, telle que nous la connaissons, serait donc le résultat d’un long processus d’écriture et de réécritures.
Que sait-on des auteurs des Ecritures ?
La Bible nomme ses rédacteurs : la Torah est signée Moïse. Les textes plus tardifs sont l’œuvre de prophètes, comme Jérémie pour les Livres des Rois. Ou de souverains d’Israël : ainsi, David aurait écrit les Psaumes, Salomon le Cantique des Cantiques. Mais depuis le XVIIe siècle de notre ère, des chercheurs ont relevé des contradictions troublantes. Par exemple : comment Moïse peut-il avoir rédigé le Deutéronome, une des parties de la Torah, qui décrit la mort et les funérailles… de Moïse ? Et nombre d’événements se déroulent dans des lieux dont les Ecritures nous disent qu’ils sont «toujours visibles de nos jours». Cet indice montre bien que le texte a été élaboré bien après les faits… Mais par qui ? Aux XVIII° et XIX° siècles, les exégètes parvinrent à la conclusion que la Torah était une compilation d’écrits de plusieurs sources différentes. Cette nouvelle approche privilégia l’idée que la Bible était le résultat de l’agglomération d’une multitude de textes, progressivement réunis et rendus cohérents au fil des siècles par de nombreux scribes anonymes.
Quelles sont les plus anciennes bibles que l’on connaisse ?
endant longtemps, les Codex Sinaiticus et Vaticanus sont restés les plus vénérables bibles connues. Réalisés au IVe siècle de notre ère, et jalousement conservés au monastère Sainte-Catherine, sur le mont Sinaï pour l’un, au Vatican pour l’autre, ces manuscrits sont toujours les plus anciens recueils complets (à peu de chose près) de la Bible. Mais en 1947, une découverte majeure a radicalement changé la donne. Sur la rive nord-ouest de la mer Morte, dans les grottes de Qumrân, on a retrouvé 870 parchemins et papyrus, dont 220 sont des textes bibliques, rédigés entre le Ille siècle avant J.-C. et le Ier siècle de notre ère. La plupart sont de simples fragments, mais un rouleau, celui d’Isaïe, confectionné au IIe siècle avant J.-C., est dorénavant le plus ancien livre biblique complet.
Au fil des siècles et des copies, des erreurs se sont-elles glissées dans le texte ?
Très peu. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude du rouleau d’Isaïe, issu des manuscrits de Qumrân. Un théologien américain, Gleason Archer, s’est en effet astreint à le comparer avec le plus ancien manuscrit rédigé en hébreu que l’on connaissait avant cette découverte. Sa conclusion ? Malgré les mille deux cents ans qui séparent les deux écrits, le spécialiste constate, en 1985, que «les textes découverts dans la grotte numéro un de Qumrân sont identiques aux textes actuels pour plus de 95%. Les différences ne concernent que des détails sans signification : orthographe, emploi de mots synonymes, quelques erreurs de copie…»
L’explication de ce tour de force résiderait dans le soin avec lequel les copistes ont travaillé. Très tôt, le besoin s’est fait sentir de faire des «sauvegardes» des textes. Les scribes étaient tenus de réaliser des copies scrupuleusement identiques. A la moindre erreur, ils détruisaient le manuscrit sans le moindre état d’âme.
Existe-t-il des textes non-officiels ?
Seuls les textes «inspirés par Dieu» et rédigés en hébreu ou en araméen sont entrés, à la fin du Ier siècle avant J.-C. dans le canon, c’est-à-dire la liste officielle des écrits qui constituent la Bible. Les autres sont appelés apocryphes. Certains de ces livres exclus du canon ont également été retrouvés dans les grottes de Qumrân, comme le Livre d’Enoch, par exemple. Ce dernier, prétendument rédigé par l’arrière-grand-père de Noé, qui regroupe des songes visionnaires, un traité astronomique et météorologique, ou encore le récit de la rébellion et de la chute des anges déchus. Les apocryphes sont toutefois loin de sentir le souffre. Ce sont, au contraire, de précieux témoignages et des objets d’études importants pour les chercheurs.
ADRIEN GUILLEMINOT
