
J’ai vu une question que posent les commentateurs : pourquoi Moché a-t-il été reconnaissant envers l’eau et le sable, mais pas envers Paro qui l’a élevé chez lui et a fait de lui un prince ? Si l’on est reconnaissant envers des choses inanimées, à plus forte raison doit-on l’être envers les hommes !
Or on trouve que non seulement il n’a pas été reconnaissant envers Paro de tout ce qu’il avait fait pour lui, mais c’est lui qui a eu la responsabilité de le frapper de dix plaies.
il faut répondre qu’il n’a pas été reconnaissant à Paro de toutes les années pendant lesquelles il a grandi chez lui parce qu’il était un ennemi du peuple juif ainsi qu’un fameux scélérat, et bien qu’il se soit conduit avec bonté et miséricorde envers le petit Moché, cela relève de la notion selon laquelle « la bonté des peuples est un péché » (Michlei 14, 24), c’est pourquoi il n’y a aucun besoin de lui en être reconnaissant.
Il faut au contraire le punir rigoureusement de toute la douleur et tout le mal qu’il a causés aux Bné Israël en les asservissant. De même, lorsque quelqu’un est reconnaissant envers un méchant, il exprime par là son accord avec ses actes mauvais et devient son associé dans l’impureté, c’est pourquoi si Moché avait exprimé son appréciation de la conduite de Paro envers lui, il aurait ainsi cautionné sa conduite épouvantable et aurait encouragé les pécheurs.
La leçon qu’on apprend de cette paracha concerne l’importance de la reconnaissance, parce que cette qualité purifie le cœur de l’homme et le pousse à s’élever dans le service de Hachem, et le fait d’être reconnaissant envers autrui le mènera à la reconnaissance envers D.
Rabin Yoël Bitton
