Pour sauver la « synagogue Rachi »

Une première campagne en a restitué les façades. La « synagogue Rachi » a maintenant besoin du soutien public …
J-M. VAN HOUTTE

Bien sûr, ces bâtiments ne sont pas ceux ou Rachi de Troyes (1040·1105}, enseigna les écritures au XV siècle, observent René Pitoun et Philippe Bokobza, co-président et administrateur de l’ ACI, Association communautaire israélite de Troyes.

Mais la communauté qui l’habite est véritablement l’héritière de cette de Rachi, dans une histoire qui n’a linalement pas comu de rupture, à l’exception d’exodes forcés et momentanés sous le règne de Philippe Le Bel ou lors de la Seconde Guerre mondiale …

L’épicentre de ta communauté juive contemporaine de Rachi se trouvait vraisemblablement entre Saint·Frobert et le vieux château des Comtes, dans la tête du Bouchon : à la broce aux Juifes.

Communauté et synagogue ont migré au fit de sledes.

En 1900, un projet de construction neuve échoue, place du Vouldy.

En 1960, le lieu de culte est Installé rue Brunneval.

Cette année-là, une première maison est acquise (le n ‘ 5) et, apres travaux, inaugurée en 1966. Deux maisons supplémentaires lui sont associées en 1968, les n· 7 et 9.

Elles permettront l’agrandissement de la synagogue à partir de 1986.

Ces premiers travaux, s’ ils aménagent adroitement la sotte de prière dans la cour de ta maison noble (n • 5). en utilisant deux étages pour évoquer sa disposition initiale, ne constituent pas une restauratlon en tant que telle.

Dans les années 2000, l’ensemble est rattrapé par son âge vénérable et menacé de péril.

Le n’5 est vraisemblablement daté de 1561.

Selon des recherches menées par Séverine Daroussat, historienne au Service de Secteur sauvegardé, un acte évoque une construction en cours à cette date.

Au XVII le bâtiment se présente comme une maison noble.

D’inventaire en état des lieux, se dessine une demeure dont le disitif évoque l’hôtel particulier.

Une porte cochère permet l’accés à un grand escalier d’honneur et à un jardin.

Les écuries sont desservies par la rue du Palais-de-Justice.

Un pigeonnier atteste définitivement du statut des occupants.

Une belle grille de serrurerie à armairies était visible sur site jusqu’en 1881 … Effectivement, du XVII’ au XIX’, notables et orflciers royaux se succèdent dans les lieux : desLudot, Paillot de Montambert, Doé …

En façade, enrln, d’étonnantes consoles de stuc de style rocaille : il n’existe qu’un autre exemple à Troyes, Maison des Allemands, rue de la Trinité.

Quant aux deux autres bâtiments, Ils ont l’ancienneté sans en avoir le pedigree aristocratique.

Mieux peut-être, Ils présentent toutes les caractéristiques de 1 ‘architecture et du tissu urbain troyen ancien.

La première étape des travaux menès en 2011 par l’ACI a consisté à restaurer les façades e t la toiture sur la rue Orunneval.

Reprise selon tes règles, elles cachent superbement une grande misère. Toit ures el charpentes dégradées, ossatures de charpente fragilisée, reprises maladroites. ..

Les trois phases suivantes permettront de restaurer trois cours qui sont restées telles. L’appel au monde lancé par l’ACI de Troyes a attiré l’attention des fondations Safra et Matanel, qui apportent plus de 50 % du llnancement des travaux sur le financement ultérieur de la dernière cour, la salle de prière.

L’objectlr actuel est bien de restituer l ‘architecture des trois premières cours dans la plus grande authenticité. Rene Pitoun a une longue expérience en la matière et en est le garant.

Cet ilot historique a donc besoin d’un vrai soutien public. Porté par la Fondation du patrimoine, le projet tait l’objet d’une souscription publique. La gageure esl de réaliser les travaux en quatre mois pour présenter la première cour restaurée lors des Journées du patrimoine, le 15 septembre …

Fondations, collectivités et grand public …
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La souscription publique pour le financement du projet est aujourd’hui lancée avec la caution de la Fondation du patrimoine.

Le site de la fondation (voir par ailleurs) présente le projet mais c’est à l’ACI de susciter l’intérêt des donateurs. Globalement, les tranches 2 à 4 et 5 et 6 nécessitent chacune 400 000 Ou côté des donateurs prives, deux Fondations ont répondu favorablement.

La Fondation Safra (Genève), aide autant des hôpitaux, les Restos du coeur, que des synagogues.

Elle apportera 50 % des 400 000 nécessaires aux tranches 5 et 6 : le lieu de culte. Autre donateur important, la Fondation Natanel (Luxembourg), qui appor te habituellement son aide aux personnes en difficulté. Dans la communauté troyenne elle-même, les dons recueillis vont de 20 à 10 000, souligne Philippe Bokobza.

Côté financement pu blic, l’État, la Ville de Troyes, le Département et la Région contribueront au titre du Secteur sauvegardé.

SI le montant des dons recueillis manifeste oo véritable engouement, la Fondation du patrimoine abondera sur ses fonds propres.

Enfin, via le maire de Troyes, Fran5ois Baroin, le ministre de l’lnterleur/ministre des Cultes a été sollicité.

Pour contribuer en ligne :
http://www.fondation·patrimoine.org/fr/champagne·ardenne-8/(puis • Champagne-Ardenne · , puis tous les projets).

Par courrier : ACI, 5 rue Brunneval, 10 000 Troyes Fondation du patrimoine, 25, rue Libergier, 51100 Reims.

Cours et maisons : trois joyaux enchassés dans le corps du Bouchon
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Architecte du projet, Gregor Kouyoumdjlan avoue sans peine son émerveillement quotidien devant cet ensemble Immobilier dont il a la charge.

Même si le dégraffa ge des enduits au n’9 a montré des pans de bols très endommagés, non pas par leur âge, mals par des maladresses commises au XX slècle. Notamment l’application d’enduits de ciment qui ont emprisonné 1 ‘eau et accéléré la désagrégation des bois. Ainsi, la façade sud-est de ta cour 1, qui devait être a priori la mieux protégée, avec ses authentiques fenêtres à gu illotine typiques du XVIII’ siècle troyen, est la plus dégradée.

L’ensemble Immobilier a connu des remaniements Importants qui ont conduit l’architecte à privilégier non pas la restauration dans un état XVI’ mais le maintien en l’état structurel actuel et la restitution des évolutions successives du bâti : un demi-étage sur le rehaussement de cette façade sud-est sera conservé avec la trace des modillons qui soulignaient le niveau de toiture primitif.

## Surprises

Des trois cours qui doivent être restaurées pour septembre 1 cette cour 1 est la plus complexe. Les cours 3 et 4 !XIX’ siècle), présentent apparemment ,moins de difficultés.

Apparemment puisque le chantier apporte – sinon quotidiennement du moins fréquemment – son lot de surprises.

Témoin, cette énorme poutre de forte portée, qui s’est rompue Il y a deux semaines, révélant brutalement une faiblesse jusqu’alors cachée.

Son remplacement mobillse les charpentiers depuis lors …

L’analyse stratigraphique des couches picturales pratiquée par Matéi Lazarescu, spécialistede la restauration de peintures et enduits anciens, déterminera la couleur qui sera restituée dans cette cour : vraisemblablement un gris souris assez élégant.

Fort d ‘une belle et longue expérience dans la restauration, René Pitoun tient à maintenir la plus grande authenticité dans ce projet. Le bel escalier XVII’ amputé de ses volées en rez-de-chaussée sera restitué. Comme tes fenêtres à guillotine (mais avec un ouvrant classique el compatible avec la loi). ou les teintes des peintures d’origine comme les torchis, de terre, de paille et de crin de cheval…

J.·M. V.-H.