
En fait, peu de personnes le savent, mais l’un des immeubles appartenant à l’ACI détient en son 2ème étage, un pigeonnier. Cette caractéristique confirme si c’était nécessaire que le n° 5 de la rue Brunneval, l’immeuble en question, appartenait certainement à une famille noble ou tout au moins bourgeoise de Troyes.
Le premier document connu à ce jour indiquant un édifice à cet emplacement date de 1561. Il s’agit d’une transaction faisant état de construction en cours, ce qui autoriserait à dater une première phase de travaux à cette époque.
Ensuite, en 1686, Vincent Olive obtint la permission de démolir et rétablir le bâtiment sur rue sur des anciens alignements, à l’instar des bâtiments voisins. Nous pouvons donc supposer qu’auparavant, le bâtiment était en retrait par rapport à ses voisins et que la démarche permit alors de l’agrandir.
Des éléments de décor témoignent enfin d’une remise au goût du jour au XVIIIème siècle : les consoles en stuc de style rocaille qui embellissent l’encorbellement de l’étage. Elles sont remarquables tant par leur exécution que par le fait qu’il n’existe plus à Troyes que deux maisons présentant ce type d’ornement.
De plus, selon un état des lieux de 1888, plusieurs pièces étaient ornées de cheminées de style Louis XV. Il n’en subsiste plus qu’une seule. Peut-être cette rénovation fut menée en même temps que le changement de propriétaire.
Cette immeuble avait au XVIIIème siècle des allures d’hôtel particulier. La largeur de la construction et la présence d’une porte cochère traduisent cette ambition : les proportions en imposent. Les actes notariés de l’époque permettent d’affirmer cette prétention : y figurent mention d’une grand escalier, et surtout d’un jardin avec écurie ayant issue sur l’actuelle rue du palais de justice. L’ancienne taille plus important de la propriété est particulièrement visible sur le plan Coluel. L’existence d’un pigeonnier attestait encore du rang des propriétaires.
Séverine Daroussat, Ville de Troyes, Secteur Sauvegardé.