ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !

LE MOT DU GRAND RABBIN DE FRANCE – M. HAÏM KORSIA

Un retour vers soi

A l’approche de Yom Kippour, à l’heure où les juifs du monde entier se réunissent pour implorer l’Eternel de leur pardonner leurs fautes et de les sceller dans le Livre de la Vie, de la réussite et de la santé, je tenais à vous adresser mes bénédictions pour l’année à venir.

Chaque année, nous récitons les mêmes prières ; et pourtant, chaque année, elles portent une nouvelle espérance. Chaque année, nous souhaitons être présents l’an prochain, et nous espérons faire progresser notre monde, notre société, notre environnement. Mais pour y parvenir, il nous faut encore et encore entendre le message de nos prophètes. Et aujourd’hui plus que jamais.

Ainsi, nos Sages ont institué, lors de la prière de l’après-midi de Kippour, la lecture du récit du prophète Jonas, jeté à la mer, avalé par un grand poisson et rejeté miraculeusement sur les rives de Ninive. Cette année, la prophétie de Jonas, qui annonce la destruction de Ninive, s’est réalisée, puisque Mossoul, nom actuel de la ville de Ninive, a été détruite par des barbares. Il n’empêche que l’usage de lire ce texte est fondé sur la repentance du roi de Ninive et des habitants de cette grande métropole écoutant enfin la voix de l’Eternel. Cela doit nous servir d’exemple en ce jour du Grand Pardon et nous convaincre qu’il est toujours  possible d’opérer un retour vers les valeurs éternelles de la foi. Un retour vers nous.

Cet élan doit également nous permettre de réaffirmer que nos synagogues sont les épicentres de la vie juive, pour ceux qui ont l’habitude de les fréquenter, comme pour ceux auprès desquels nous avons jusqu’ ici manqué de mots ou de gestes pour les en convaincre. C’est dans cette perspective que sera d’ailleurs renouvelé le Chabbat mondial les 23 et 24 octobre prochains (Chabbat Lekh Lekha), projet initié l’année dernière par le grand rabbin d’Afrique du Sud, Warren Goldstein, qui a connu un grand succès dans toutes nos com munautés.

Cette initiative a pour objectifs de réunir, rassembler même les éloignés et de forger un esprit communautaire ouvert vers toutes et tous. Elle doit permettre de réaffirmer que nos synagogues sont des lieux d’accueil et de fraternité pour celles et ceux qui ne savent pas que nous avons besoin d’eux.

Les citoyens de Ninive ont été bouleversés par le simple fait qu’un homme comme Jonas s’intéressait à eux. Nous devons collectivement montrer notre intérêt, et même notre affection, pour tous les fidèles qui seront dans nos synagogues à Kippour et qui ne retrouvent pas le chemin de leur maison de prière tout au long de l’année. Mais nous pouvons également puiser dans l’histoire de Jonas un peu de réconfort. Le prophète est jeté par-dessus bord dans une mer déchaînée, apparemment condamné à une mort certaine. « Vayemane Hachem dag gadol livloa éte Yona », Jonas (II, 1),

« L’Eternel suscita un grand poisson afin d’avaler Jonas ». Le Midrach Pirké dérabbi Eliezer s’appuyant sur l’analogie linguistique entre « Vaye- mane » et la « Manne », la célèbre nourriture céleste consommée par les enfants d’ Israël dans le   désert, enseigne, au nom de rabbi Tarfone, que ce grand poisson avait été créé lors des six jours de la création du monde, tout comme la Manne, uniquement dans le but de sauver Jonas. C’est une façon simple de nous dire que parfois, même si l’horizon peut sembler obscur, l’Eternel peut nous ouvrir d’autres possibilités que ce que nous voyons. Il sait nous rassurer et c’est cette confiance en Lui qui est notre force.

L’histoire de notre peuple est à l’image de celle de Jonas. Même si autour de nous, les éléments se déchaînent, l’Eternel, dans           sa miséricorde, a depuis toujours pensé et planifié le salut du peuple juif.

C’est dans cette confiance en l’Eternel que nous nous présentons devant lui, sereins et heureux de nous retrouver et de Le savoir toujours présent pour nous.

Bonne et heureuse année à vous tous, Gmar Hatima Tova